Position de LIFE sur l'anguille pour 2019
LIFE réagit à la proposition de la Commission sur l'anguille avant le Conseil de lundi.
Varsovie, 13 décembre 2018
Marcin Ruciński
Sur la base des informations publiques disponibles[1]LIFE comprend que pour 2019, la Commission a proposé d'étendre le mécanisme existant de fermeture "mobile" de l'anguille pendant 3 mois, à appliquer par les États membres sur une période de 5 mois, à tous les stades de vie de l'anguille et à toutes les eaux dans lesquelles elle se trouve.
Nous regrettons vivement que la Commission n'ait pas informé publiquement, et encore moins consulté les pêcheurs concernés et les autres parties intéressées au sujet de cette importante mesure. Il y a eu suffisamment de temps pour le faire entre la décision de la CGPM fin octobre, la publication de l'avis du CIEM (7 novembre) et maintenant. Il y a également eu des processus antérieurs[2] dans laquelle la mesure proposée aurait pu être correctement communiquée et discutée avec les parties prenantes.
Sur la base des informations publiquement disponibles sur les détails de la mesure proposée, LIFE peut s'accommoder de l'approche de la Commission, même si elle pose des difficultés à de nombreux pêcheurs. La mesure présente des lacunes évidentes pour les grands pièges à anguilles, qui prennent beaucoup de temps à poser et dépendent des conditions météorologiques. Toutefois, elle offre une certaine équité de base dans les efforts entrepris au niveau national, ce qui facilite grandement leur évaluation et leur comparaison.
La Commission a pris la décision audacieuse d'étendre la mesure à tous les stades de vie de l'anguille et à toutes les eaux où cette espèce d'une importance fondamentale est présente. Pour de nombreux pêcheurs, cette mesure sera nouvelle, introduite au pied levé, comme une surprise à laquelle il est très difficile de faire face dans des zones où les mesures de conservation de la PCP n'ont pas été appliquées jusqu'à présent. Nous demandons donc instamment à la Commission et aux autorités nationales de rendre les compensations soutenues par le FFEM facilement disponibles dans de tels cas.
L'applicabilité universelle de la fermeture pendant 3 mois par an ne résoudra pas le problème du trafic de civelles de l'Europe vers l'Extrême-Orient. Nous demandons instamment à la Commission d'aider les États membres dans leurs efforts pour réprimer cette activité criminelle.
Nous ne saurions trop insister sur l'importance pour la Commission de poursuivre le travail sur un large et crédible paquet de mesures au-delà du Conseil des ministres de la semaine prochaine. Elles doivent aller bien au-delà des mesures de gestion de la pêche pour avoir un réel effet positif sur le stock. C'est ce que LIFE a demandé dès l'année dernière[3]sans résultat pour l'instant. Nos idées concernant un système global de documentation des captures d'anguilles, l'implication de l'EFCA dans le travail d'inspection lié aux anguilles, le traitement de la mortalité des anguilles dans les turbines hydroélectriques et l'impact des cormorans, restent toutes sur la table.
Toute nouvelle restriction imposée aux pêcheries marines légitimes, traditionnelles et à petite échelle de l'anguille ne contribuera pas à la reconstitution de l'espèce - elles ne sont responsables que de 3% de la mortalité totale de l'anguille due à l'homme[4]. Au contraire, de nouvelles restrictions de l'effort réduiraient la volonté d'entreprendre des actions de repeuplement financées par le secteur privé, la qualité des données dont disposent les scientifiques et mettraient une pression supplémentaire inutile sur les pêcheurs qui restent dans ces pêcheries traditionnelles de petites quantités et de grande valeur.
[1] http://blueplanetsociety.org/2018/12/possible-eu-eel-fishing-closure/
[2] http://www.bsac.dk/getattachment/4b9f4b1c-c6b2-41c7-9483-51000615bdb1/Steve-Karnicki-and-Tof.pdf.aspx?lang=en-GB
[3] https://lifeplatform.eu/saving-european-eel-small-scale-fishermen/
[4] http://orbit.dtu.dk/files/158589197/Publishers_version.pdf Tableau 1
En photo : Mortalité des anguilles causée par les turbines pendant la migration d'automne vers l'aval, photo de Frode Kroglund.