La survie du bar et des petits pêcheurs à la ligne est en jeu
Avis du CIEM pour le bar en 2017 : Des captures nulles basées sur l'approche de précaution ?
Bruxelles, le 11 juillet 2016
Brian O'Riordan
Plate-forme LIFE
L'évaluation scientifique et les observations des pêcheries artisanales mettent en évidence le fait que le mauvais état des stocks de baret suscitent des inquiétudes majeures quant à la survie des ressources et des pêcheurs qui en dépendent.
Publié le 30 juin, l'avis du CIEM (Conseil international pour l'exploration de la mer) sur le bar (Dicentrarchus labrax) pour 2017 recommande la fermeture totale de la pêche dans les divisions CIEM IV b-c, VII a et VII d-h (centre et sud de la mer du Nord, mer d'Irlande, Manche, canal de Bristol et mer Celtique). http://www.ices.dk/sites/pub/Publication%20Reports/Advice/2016/2016/bss-47.pdf
L'avis alimentera le processus visant à établir possibilités de pêche pour 2017y compris les propositions de plans pluriannuels (MAP) pour la mer du Nord et les eaux occidentales.
Cette situation a tiré la sonnette d'alarme pour les petits pêcheurs à faible impact qui dépendent de cette espèce de poisson pour la plupart de leurs revenus. En France, la Plateforme pour la pêche artisanale à petite échelle (PPPAF) - un membre de LA VIE, représentant les pêcheurs des côtes atlantiques et méditerranéennes - souligne que pour la flotte de pêche à la ligne à main, après avoir connu des années de plus en plus difficiles, l'annonce du CIEM équivaut à une condamnation à mort - http://www.plateforme-petite-peche.fr/?p=440.
Pêcheurs à petite échelle de Hollande, Angleterre et France signalent l'absence de bar dans leurs captures. Les ventes de bar de la flotte de ligne à main sur les marchés portuaires français de janvier à juin se sont effondrées, passant de 221 tonnes en 2015 à 127 tonnes en 2016, soit une baisse de 43%. Sur la même période, les ventes de bars capturés par les filets maillants et les chalutiers sur ces marchés ont atteint 1165 tonnes en 2016 (contre 1502 tonnes de janvier à juin en 2015), soit près de 10 fois plus que les ventes de poissons capturés à l'hameçon.
De manière inquiétante, des tendances similaires sont observées par les pêcheurs français dans le Golfe de Gascogneoù des baisses de captures ont été observées au cours des trois dernières années. La PPPAF souligne que la délimitation purement arbitraire des 48 zones de pêche de l'Union européenne n'a pas été respectée.th parallèle permet au Golfe de Gascogne d'être libre de toute mesure de gestion. Il s'agit d'une erreur grave qu'il est urgent doit être révisé. Le PPPAF recommande d'établir une fermeture biologique pour protéger le frai hivernal du bar dans le Golfe de Gascogne, comme cela se fait au nord, dans la Manche. Cette mesure, ainsi qu'une réglementation plus stricte de la pêche individuelle Les limites de capture sont impératives selon la PPPAF; des limites drastiques doivent également être fixées pour la pêche récréative.
Une fois de plus, la pêche à petite échelle est victime de l'inertie du système.
Selon le PPPAF, cette crise ne concerne pas seulement le bar et les liners. La crise est causée par le dysfonctionnement complet de l'ensemble du secteur. Elle a été provoquée par la surexploitation antérieure du merlu, puis de l'anchois, et maintenant de la sole, entraînant un déplacement de l'effort sur le bar. En France, la crise est également liée à une fraude généralisée que l'État est incapable d'empêcher. En 2016, une partie de la flotte chalutière française a capturé illégalement des dizaines de tonnes de bar en toute impunité, et depuis juillet 2016, ces mêmes bateaux se voient attribuer un quota mensuel d'une tonne jusqu'à la fin de l'année.
Mais il n'y a pas qu'en France que le système est dysfonctionnel. Au Royaume-Uni, les navires néerlandais battant pavillon du Royaume-Unine sont pas inspectés par les autorités britanniques et il existe des preuves anecdotiques de débarquements non déclarés transportés vers des ports belges et autres. Dans les eaux néerlandaisesLe programme LIFE a reçu des rapports faisant état de fortes concentrations de poissons juvéniles dans les zones de pêche, qui sont très vulnérables à la pêche à la senne.
Depuis des décennies, les débarquements de bar des paquebots français sont restés stables, autour de 300 tonnes en Manche, soit 10% du total des captures de bar dans la zone. La France, qui dispose d'une flotte totale de plus de 300 navires, est menacée. Les captures des paquebots ne représentent qu'une infime partie des prélèvements, pratiquant une pêche à la palangre. méthode de pêche respectueuse de l'environnement et de la ressourcequi est extrêmement sélective, ce qui ajoute une valeur significative à leur poisson. Néanmoins, ce sont eux qui sont le plus menacés de disparition.
Mais l'imposition d'une fermeture totale n'est pas un remède miracle. Le manque de sélectivité et les rejets générés par d'autres pratiques sont également au cœur du problème. Rejet de la basse par les chalutiers français dans la zone nord a été estimé par les organisations professionnelles à 50 tonnes par mois entre décembre et avril, avant la limite des 42 cm. Les rejets du seul bar sont supérieurs d'une tonne aux captures des ligneurs.
VIE soutient que l'avis sévère du CIEM doit catalyser une approche nettement moins sectorielle des futurs avis. Il s'agirait contre-productif de jouer au jeu des reproches ; avec tous les métiers commerciaux et avec le secteur récréatif, nous devons tous assumer la charge de la responsabilité de la situation actuelle.
En même temps, VIE demande aux décideurs politiques au niveau européen et national de veiller à ce que les pêcheurs à petite échelle utilisant des engins à faible impact soient ne pas être injustement discriminé contre toute nouvelle mesure d'urgence, que l'effort est réduit là où il est le plus nécessaire, et que les mesures d'urgence imposées sont celles qui compensation financière est dûment fournie à ceux dont les besoins sont les plus grands et dont la survie est la plus menacée.
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