Rencontrez Marcin RuciĆski, le nouveau coordinateur de LIFE pour la mer Baltique et la mer du Nord !
Bruxelles, le 12 juillet 2016
Claudia Orlandini
Plate-forme LIFE
Les Low Impact Fishers of Europe ont rĂ©cemment reçu des fonds de la Commission europĂ©enne pour apporter un soutien supplĂ©mentaire Ă la flotte artisanale Ă faible impact travaillant dans la Baltique et la mer du Nord. La premiĂšre Ă©tape de ce projet de deux ans a Ă©tĂ© le recrutement d'un nouveau membre du personnel chargĂ© de concevoir et de mettre en Ćuvre une stratĂ©gie spĂ©cifique pour la rĂ©gion, de coordonner le travail entre les membres, d'aider les communautĂ©s locales Ă crĂ©er de nouvelles organisations et d'assurer la liaison avec les institutions concernĂ©es.
AprĂšs un processus de sĂ©lection difficile, grĂące Ă sa grande expĂ©rience dans la gestion de la pĂȘche, ses compĂ©tences linguistiques de haut niveau et surtout son grand enthousiasme, Marcin a Ă©tĂ© choisi par le conseil d'administration pour devenir le nouveau coordinateur ! Apprenez-en plus sur lui dans notre interview de bienvenue !
Bonjour Marcin, et bienvenue à LIFE ! Comment avez-vous appris l'existence de la plate-forme et qu'est-ce qui vous a motivé à postuler ?
J'ai appris l'existence de l'initiative LIFE en 2012, en plein milieu du processus de rĂ©forme de la PCP. J'ai Ă©tĂ© impressionnĂ© par la synergie entre la promotion de la pĂȘche Ă petite Ă©chelle et la conservation de l'environnement, que LIFE rĂ©sume si bien. Pour autant que je sache, aucune autre organisation de pĂȘche ou d'environnement marin en Europe ne fait cela. De plus, l'expĂ©rience de Jerry, pĂȘcheur professionnel Ă petite Ă©chelle depuis des dĂ©cennies, rend l'organisation spĂ©ciale. Sur le plan personnel, j'avais besoin de passer d'une vie de fonctionnaire Ă quelque chose d'un peu plus moderne et de trĂšs excitant !
Vous avez plus de 10 ans d'expĂ©rience dans le secteur de la pĂȘche, avec un accent particulier sur les pays de la Baltique et de la mer du Nord. Quels sont, selon vous, les plus grands dĂ©fis pour le secteur artisanal dans la rĂ©gion ?
Je pense que les défis sont mieux résumés par le mot " compétition ", qui a de nombreuses facettes ici, comme par exemple :
- La concurrence pour l'accĂšs aux quotas de pĂȘche avec ceux qui sont plus efficaces et financiĂšrement plus forts ;
- La concurrence pour l'espace marin avec d'autres utilisateurs de la mer, tels que toutes sortes de : installations de production d'énergie, aires marines protégées, zones d'exercice de l'armée, tourisme maritime, transport maritime, etc.
- Concurrence sur les marchés de produits avec les poissons importés de l'extérieur de l'UE, ainsi que les produits de l'aquaculture et les poissons capturés par des flottes plus importantes.
- Enfin, et surtout, la concurrence avec les prédateurs marins (phoques, cormorans) pour la capture des poissons.
Dans tous ces domaines, je ferai de mon mieux pour aider les petits pĂȘcheurs Ă faible impact de la Baltique et de la mer du Nord !
Vous avez travaillĂ© Ă la fois comme prĂ©sident du groupe de travail sur la pĂȘche du Conseil de l'UE et comme prĂ©sident de Baltfish et Helcom Fish. D'aprĂšs votre expĂ©rience, pourquoi est-il important de faire entendre la voix des petits pĂȘcheurs au niveau institutionnel, et comment cela peut-il avoir un impact sur la vie quotidienne des communautĂ©s cĂŽtiĂšres ?
LIFE souligne Ă juste titre que les 83% des pĂȘcheurs europĂ©ens sont des pĂȘcheurs Ă petite Ă©chelle. Petite Ă©chelle signifie, entre autres, ĂȘtre occupĂ© par (ou-dĂ©bordĂ© par...) son activitĂ© et gagner dĂ©cemment sa vie (ou-sa vie...) dans un environnement hautement compĂ©titif.
Il ne reste que trĂšs peu de temps, voire aucun, aux pĂȘcheurs Ă petite Ă©chelle pour exprimer leurs prĂ©occupations ou faire des propositions politiques fortes au niveau national ou europĂ©en. Les dĂ©cideurs Ă Bruxelles ou dans les capitales nationales sont gĂ©nĂ©ralement assistĂ©s par ceux qui expriment les prĂ©occupations des flottes Ă grande Ă©chelle, qui peuvent se permettre d'ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s professionnellement aux bons endroits.
Bien sĂ»r, il n'y a rien de mal Ă cela - tant que les dĂ©cideurs ont une vue d'ensemble, y compris la connaissance de ce que les pĂȘcheurs Ă petite Ă©chelle pensent et veulent. C'est pourquoi je pense que l'action de LIFE est si pertinente. Et je suis heureux de contribuer personnellement Ă ce processus. Il aboutira certainement Ă des rĂšgles de la PCP mieux adaptĂ©es aux besoins des petits pĂȘcheurs.
En tant que nouveau coordinateur pour la mer Baltique et la mer du Nord, quelles seront vos prioritĂ©s et votre stratĂ©gie pour renforcer le rĂ©seau entre les pĂȘcheurs de la mer Baltique et de la mer du Nord ?
Je vois essentiellement deux grandes prioritĂ©s : comprendre en profondeur les principales prĂ©occupations des pĂȘcheurs artisanaux de la mer Baltique et de la mer du Nord grĂące Ă des contacts intensifs, puis transmettre ces prĂ©occupations aux bons forums et aux bonnes personnes du systĂšme dĂ©cisionnel, au niveau europĂ©en ou national.
J'espĂšre que, si les prĂ©occupations des pĂȘcheurs sont prises en compte par les dĂ©cideurs, les avantages de faire partie de LIFE deviendront Ă©vidents. Cela contribuerait, je l'espĂšre, Ă l'expansion de notre rĂ©seau rĂ©gional. Ătant donnĂ© que je n'occupe ce nouveau poste que depuis quelques jours, il faut faire preuve de souplesse et de patience quant Ă la mise en Ćuvre dĂ©taillĂ©e de ces prioritĂ©s.
Vendre le produit à un prix équitable est vital pour les petits producteurs. Selon vous, quelle est la place des petites entreprises au sein du grand marché ? Quel est le rÎle de l'éducation des consommateurs à cet égard ?
Heureusement, les marchĂ©s du poisson sont trĂšs diversifiĂ©s et comportent de nombreux segments diffĂ©rents. Nous n'aimons pas tous le Pangasius, n'est-ce pas ? Je pense que, du point de vue des pĂȘcheurs artisanaux, il est important de dĂ©finir la meilleure niche de marchĂ© pour eux et de faire tout ce qui est possible pour y Ă©tablir une forte prĂ©sence. Le produit proposĂ© par les pĂȘcheurs artisanaux prĂ©sente un certain nombre d'avantages Ă©vidents : il est super frais, il est pĂȘchĂ© de maniĂšre durable et Ă faible impact, il est local, il est traditionnel. Il reste Ă voir comment exploiter ces avantages dans les conditions locales, par exemple dans le sud de la SuĂšde, le Schleswig-Holstein, le nord de la Pologne, les Pays-Bas, Bornholm, le Mecklembourg-PomĂ©ranie occidentale ou les Ătats baltes. Il existe des exemples encourageants dans certaines de ces rĂ©gions, qui utilisent souvent les technologies les plus modernes pour atteindre rapidement le consommateur prĂȘt Ă payer plus cher pour un poisson de qualitĂ© supĂ©rieure.
Je suis sĂ»r que LIFE a beaucoup de travail Ă faire dans ce domaine. Le point de dĂ©part essentiel doit ĂȘtre : la pĂȘche Ă la valeur, par opposition Ă la pĂȘche au volume.
Une partie de votre rĂŽle consiste Ă rencontrer les communautĂ©s de pĂȘcheurs, Ă Ă©couter leurs problĂšmes et Ă dĂ©fendre leurs droits lĂ oĂč les dĂ©cisions sont prises. Avez-vous dĂ©jĂ prĂ©vu quelles seront les premiĂšres communautĂ©s que vous allez rencontrer ?
Mes projets sont axĂ©s sur les ordres du jour des prochaines rĂ©unions du BSAC et de BALTFISH. Nous sommes confrontĂ©s Ă une situation de crise avec le stock de cabillaud de la Baltique occidentale, pour lequel le CIEM conseille une rĂ©duction des possibilitĂ©s de pĂȘche de 93% ! Cette situation nĂ©cessite une attention urgente et une rĂ©ponse forte de la part de LIFE. Les moyens de subsistance de nos membres sont en jeu. Nous devons Ă©galement garder un Ćil sur le stock de cabillaud oriental, oĂč les scientifiques ne peuvent pas sortir de l'incertitude trop longtemps - et nous devons Ă©viter Ă tout prix de rĂ©pĂ©ter la situation du cabillaud occidental. J'ai l'intention de rencontrer personnellement tous les membres de LIFE, au moment et sous la forme qui leur conviennent le mieux !
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