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Quote, Unquote : la Plateforme française des pêcheurs artisanaux à faible impact exprime ses inquiétudes sur la façon dont les pêcheries sont gérées en France.
Bruxelles, le 10 mai 2016 Plate-forme LIFE Brian O'Riordan
Cet article est adapté d'un article paru dans Le Marin "Forum" 22.04.2016. http://www.lemarin.fr/secteurs-activites/peche/25102-critique-dun-systeme-de-gestion-inadapte-la-petite-peche?_=1461345037035rédigé par trois co-présidents de la Plateforme, Anne Marie Vergez, pêcheuse basque, Gwen Pennarun, pêcheuse bretonne, et Frédéric Reste, pêcheur méditerranéen.
Pour plus de détails, voir http://www.plateforme-petite-peche.fr/
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La France, comme de nombreux États membres de l'UE, dispose de systèmes administratifs et de gestion qui ne sont pas adaptés aux besoins du secteur de la pêche à petite échelle. Malgré de nombreuses promesses, deux ans plus tard, la mise en œuvre de la PCP n'a pas encore tenu ses promesses. des avantages tangibles pour les pêcheurs qui ont choisi de pratiquer une pêche qui limite leur impact sur l'environnement.qui veulent combiner les méthodes traditionnelles de pêche à petite échelle avec des technologies modernes et des conditions de travail décentes, et qui veulent soutenir les communautés locales dans lesquelles ils sont enracinés.
Malgré l'absence de livraison à ce jour, VIE est optimiste quant au fait que l'article 17 offre la possibilité de récompenser ceux qui pratiquent une pêche durable, pour autant que la volonté politique soit présente pour appliquer ses dispositions dans l'esprit comme dans la lettre de la loi.
Les auteurs de l'article ci-dessous parlent non seulement en leur nom et au nom de la Plateforme française pour la pêche artisanale à petite échelle, mais aussi au nom de l'Union européenne. les pêcheurs à petite échelle à travers l'Europe qui partagent leurs inquiétudes et leurs frustrations. Leurs préoccupations sont tout à fait les nôtres.
La Plateforme française de la pêche artisanale à petite échelle, membre fondateur de l'association VIEreprésente les pêcheurs des côtes françaises de l'Atlantique et de la Méditerranée. La plateforme a été lancée en juin 2012 par un groupe d'associations représentant 500 pêcheurs.
La Plateforme a été créée pour défendre le segment de flotte des moins de 12 mètres qui utilise principalement des méthodes de pêche passives. Malgré l'importance de ce segment de flotte, il est souvent marginalisé, traité injustement, n'est pas considéré à sa juste valeur par les autorités et ne bénéficie pas d'un espace suffisant au sein des organisations professionnelles.
L'objectif de la plate-forme n'est pas de lutter contre les navires de plus de 12 mètres. La complémentarité des activités à petite et à grande échelle est reconnue et respectée par la plate-forme, qui considère que la diversité de la flotte est importante pour le bien-être économique et social des ports de pêche et du secteur dans son ensemble.
Bien sûr, il y a des points de divergence, et nous pouvons être en désaccord sur un certain nombre de questions. Cependant, comme la Plateforme, LIFE soutient que la gestion de la pêche à petite échelle nécessite un processus d'évaluation de la qualité. approche différenciée, et que des mesures sont nécessaires pour garantir le maintien d'un équilibre entre la pêche à petite échelle et les autres segments de la flotte, et pour que le segment de la pêche à petite échelle à faible impact puisse prospérer.
LIFE s'identifie à ces objectifs et à ces points de vue et y adhère sans réserve.
En France, comme dans d'autres pays européens, il existe de nombreux obstacles à l'installation en tant que propriétaire exploitant à petite échelle. Tout d'abord, il est nécessaire d'obtenir la PME (Licence de bateau de pêche). Ensuite, une pléthore de permis doit être obtenue, dont l'AEP (permis de pêche européen), les licences pour les engins, et les licences pour les différentes espèces comme le bar, les crustacés, la sole, etc. Pour le bar, plus aucune licence n'est disponible pour les pêcheurs utilisant des hameçons, alors qu'il s'agit de la méthode de pêche la plus responsable en ce qui concerne la ressource et l'environnement marin, et dont dépendent des centaines de pêcheurs. Leur contribution à la surexploitation de l'espèce est infime par rapport à la flotte de chaluts pélagiques, dont le nombre de licences est resté inchangé.
Et puis il y a la douloureuse question des quotas, un outil de gestion très redouté - et à juste titre - par les pêcheurs artisanaux. Il est appliqué par le biais d'un mécanisme - sur la base de l'historique des captures - qui est profondément injuste. Il récompense ceux qui pêchent le plus, tout en négligeant ceux qui pratiquent une pêche à faible impact.
VIE et le Plate-forme française Tous deux dénoncent le système actuel de répartition des quotas et ses nombreux effets pervers. En décembre dernier, en France, l'Autorité de la concurrence s'est inquiétée du mode de répartition des quotas entre les pêcheurs, du caractère anticoncurrentiel des pratiques, de l'opacité des mécanismes d'attribution et de gestion, notamment au sein des OP (Organisations de Producteurs).
Le système d'allocation de quotas pour le thon rouge illustre bien ces préoccupations.La quasi-totalité des quotas est réservée aux senneurs à senne coulissante, aux chalutiers pélagiques et aux grands palangriers. Ce système doit être entièrement revu afin d'établir un système de distribution basé sur les principes suivants critères environnementaux, sociaux et économiquescomme le prévoit l'article 17 de la PCP réformée.
Certains règlements de l'UE comportent des dispositions spéciales qui favorisent les petits bateaux, en les exemptant de certaines autorisations de pêche. Cependant, dans le cas de l'accès au cabillaud dans certaines zones, l'exemption pour les navires de moins de 10 mètres a été rejetée par les organisations professionnelles. Au lieu de cela, ils ont imposé une licence européenne de navire (AEP) aux navires de moins de 10 mètres, ce qui les pénalise lourdement. La Plateforme française s'oppose aussi fermement à l'inégalité des charges prélevées sur les petits bateaux par rapport aux grands. Notre secteur est le principal contributeur, mais pas le principal bénéficiaire.
Ensuite, il y a le camisole de force administrativeoù les exigences bureaucratiques ne sont pas du tout adaptées aux contraintes de la pêche artisanale. Il s'agit notamment des exigences en matière de sécurité, de la nécessité de disposer de radeaux de sauvetage, du système de pesée des débarquements, des effectifs, de la vente directe, etc. C'est un véritable fardeau pour les propriétaires exploitants à petite échelle.
Nous ne demandons pas l'exemption de la petite pêche de toutes les mesures de gestion. En revanche, nous dénonçons un système de gestion inadapté. Nous dépendons des zones où nous pêchons - nos territoires de pêche. Nous devons cibler les espèces présentes dans notre voisinage immédiat, en répartissant notre effort, selon une logique qui n'est pas de maximiser le profit.
C'est une philosophie et un modèle socio-économique que le système actuel met constamment à mal. Il n'y a rien de plus absurde pour nous que de devoir éviter de pêcher le thon rouge qui abonde tout autour de nous, ou de le rejeter mort, et de devoir ensuite parcourir de grandes distances pour trouver des poissons que nous sommes autorisés à pêcher.
Nos détracteurs affirment que "si nous suivions vos demandes, la zone côtière se remplirait tout simplement de navires". Mais nous trouvons déjà de grands navires sur la côte, notamment des supertrawlers, d'autres chalutiers et des palangriers de 24 mètres, qui grâce à des dérogations peuvent opérer dans la zone des 3 milles. Tout ce que nous demandons, c'est que la l'espace maritime soit partagé entre les navires en fonction de leur taille, et que les règles appliquées soient respectées et strictement contrôlées. Nos petits bateaux ne pourront jamais aller assez loin pour rivaliser avec des navires de 20 ou 25 mètres.
De même, nous entendons continuellement des fonctionnaires se féliciter de la bonne santé des stocks. Mais de quels stocks parle-t-on ? Du bar ? Daurade royale ? Daurade noire ? Toutes ces espèces sont loin d'être bien gérées. De nombreux pêcheurs vous diront comment la dorade rose a été décimée par les chaluts à grande ouverture, et comment la dorade noire a pratiquement disparu à certains endroits à cause du chalutage pélagique. Nous demandons une évaluation scientifique complète, mais nous ne nous faisons pas d'illusions quant à sa réalisation prochaine.
En Méditerranée aussi, il est urgent de progresser pour améliorer l'état des ressources. Mais lorsqu'on aborde le problème, il faut aussi tenir compte de la pêche sportive (qui n'est absolument pas réglementée), de la pollution et de l'urbanisation des côtes. Une meilleure reconnaissance du rôle des prudhommies, anciens organes de gestion séculaires, doit également être incluse dans l'équation. C'est en renforçant ces institutions indispensables que l'on pourra faire progresser la gestion des pêches en Méditerranée.
Nous avions placé certains espoirs dans la nouvelle PCP, notamment en ce qui concerne les dispositions de l'article 17. Cet article impose aux États membres de répartir les quotas selon des critères transparents et objectifs, et de favoriser les navires de pêche "déployant des engins de pêche sélectifs ou utilisant des techniques de pêche ayant un impact environnemental réduit, telles qu'une consommation d'énergie ou des dommages à l'habitat réduits."
Mais où sont ces fameux critères que chaque État est censé définir et mettre en œuvre ? Nous craignons que les sennes danoises et les chaluts électriques ne soient ceux qui bénéficient finalement de la mauvaise application de ces critères environnementaux et sociaux.